Cette couche de polylignes est la saisie vectorielle des lignes de niveau produites par Achille Delesse pour le département de la Seine en 1880 (Delesse, 1880). Delesse est « chargé pendant une vingtaine d’années du service d’Ingénieur des Mines du département de la Seine » (Id.). Ce travail est la mise à jour de précédentes publications, concernant la géologie et l’hydrogéologie de Paris, dont les deux premières sont éditées en 1858 (Delesse, 1858) (1) & (2), mises à jour suite à l’extension de la commune de Paris (Delesse, 1861) (Delesse, 1865), et enfin étendues au département de la Seine en 1862 et 1865. (Delesse, 1862) (Delesse, 1865). La carte de 1880 est une dernière mise à jour de la carte géologique du département de la Seine de 1862, suivie d’une mise à jour de l’hydrologie de ce même département en 1882 (Delesse, 1882).
Les commandes pour ces cartes émanent des préfets de la Seine, Georges-Eugène Haussmann pour les productions 1858 à 1865, puis Ferdinand Hérold pour celles de 1880 et 1882. Le travail de cartographie et de graphisme est réalisé par le service de l’inspection des carrières avec l’aide d’Alejandro Babinski et de l’ingénieur Grouselle :
« ce travail considérable a été fait sous ma direction par le Service de l’Inspection des Carrières : il exigeait un concours actif et dévoué, que j’ai trouvé d’abord dans M. A. Babinski, et ensuite, pour la mise en œuvre définitive des documents réunis, dans M. l’ingénieur Grouselle. » (Delesse, 1880)
Les cotes réunies dans la carte de 1880 proviennent de plusieurs sources. D’abord celles du service des Ponts et Chaussées :
« un grand nombre de cotes ont été extraites de ma Carte géologique souterraine ainsi que de ma Carte hydrologique du département de la Seine […] [qui] pour la plupart ont été fournies par le Service des Ponts et Chaussées, par le nivellement Bourladoue, et se trouvaient sur la carte hydrographique départementale. MM. les officiers du Génie ont relevé les cotes de long de l’enceinte fortifiée, ainsi que dans le voisinage des anciens et des nouveaux forts de Paris. » (id.)
Ainsi que d’autres, issues de nivellements réalisés par le service de l’Inspection des carrières :
« dans le but de niveler soit des carrières et des coupes géologiques, soit des puits à eau et des sondages. Comme les carrières sont habituellement assez isolées, on avait d’ailleurs l’avantage d’obtenir ainsi des cotes dans des endroits du département de la Seine, pour lesquels on n’en possédait pas. » (id.)
Cependant ces données méritent modifications. Selon Delesse, la carte de 1880 est la mise à jour des insuffisances des nivellements disponibles pour la première carte de la Seine de 1862 :
« [car] les nouveaux nivellements exécutés en très grand nombre dans l’ensemble du département de la Seine montraient que les courbes horizontales tracées d’abord par M. Letellier pour ma carte hydrologique, demandaient maintenant à être rectifiées ; ce travail a été fait par Mr Grouselle. » (id.)
Au final, les mises à jour de la carte de 1880 modifient substantiellement le relief pour les communes de :
« Vitry, Thiais, Villejuif, Lhay, Montrouge, Bagneux, Clamart, Fontenay aux Roses, Chatenay, Antony et Verrières ; Rueil, Nanterre, Suresnes, Puteaux et Courbevoie ; Villetaneuse, Romainville, Montreuil, Villemomble et le Raincy ; Saint-Maur, Champigny et Sucy-en-Brie » (id.)
Mathieu Fernandez (Labex Futurs Urbains - université Paris-Est Marne-la-Vallée) a géoréférencé la reconstitution raster de la carte de 1880, elle-même réalisée par traitement d’images à partir de sa mise en ligne au format web sur le site Gallica. La résolution du raster constitué a été calculée pour les quatre planches : sud-est, sud-ouest, nord-est, nord-ouest du département. Les lignes de niveau sont ensuite saisies par une couche unique de lignes au format .shp. comprenant 77 405 nœuds. La conversion des données de Delesse est enfin opérée par la création d’un champ attributaire ad hoc. La complexité de l’évolution du système de nivellement vers le milieu du XIXe siècle, justifiant cette conversion, nécessite une explication (Barles, 1999), (Fernandez, 2014).
Achille Delesse utilise comme référentiel un plan imaginaire définit comme suit : « les côtes sont rapportées à un plan de comparaison passant 100 m en dessous du niveau de la mer ». Cependant en 1858, date de la première publication de Delesse, le niveau de la mer est encore un débat scientifique non résolu. Sabine Barles présente dans La ville délétère les « errements » au sujet des divers plans d’origine choisis pour le nivellement des divers ouvrages territoriaux. (Barles, 1999) La période de flou a principalement lieu entre 1840 et la décision ministérielle du 13 janvier 1860 choisissant le trait 0,40 m de l’échelle du marémètre du fort Saint-Jean de Marseille comme référentiel national. Les deux principales références en usage sont, avant cette décision, le « niveau moyen de la mer au Havre » et le « niveau moyen de la mer moyenne ». Haussmann, dans un arrêté spécifique du 31 mai 1856, choisit comme référentiel pour Paris « le niveau moyen de la mer » que nous décidons ici, pour éviter toute erreur, de ne pas raccrocher directement à l’un ou l’autre des systèmes alors en vigueur chez les corps d’ingénieurs en pleine querelle référentielle, comprenant les données fournies par Delesse (Haussmann, 2000).
La transformation des données de Delesse en valeurs NGF est réalisée pour ce travail grâce au repère du pont de la Tournelle qui est utilisé par les ingénieurs de l’inspection générale des carrières comme référentiel pour leurs mesures, tel que fixé par les ingénieurs des Ponts et Chaussées. Delesse explique en effet que :
« de plus, généralement, les nivellements du Service de l’Inspection des carrières partaient des nombreux repères en fonte placés par les ingénieurs des Ponts et Chaussées, et sur lesquels des cotes ont été marquées en fixant le zéro de l’échelle du pont de la Tournelle à 26,25 m au-dessus du niveau moyen de la mer au Havre. » (Delesse, 1880)
On remarque enfin que les cotes de 1880 sont les mêmes que celles de 1858 dans la partie centrale de Paris, avec un différentiel de 100 m. Il s’agit donc des mesures de Letellier citées comme sources par Delesse. En 1858, le zéro choisi par Delesse est donc situé 100 mètres en dessous de celui du « niveau moyen de la mer moyenne », lui-même mesuré à 26,25 m en dessous du zéro de la Tournelle. Le système de nivellement est donc identique en 1880, une fois retranchés 100 mètres. Le zéro du pont de la Tournelle est actuellement situé à 25,62 m en système NGF. (BRGM, 1973), p°7. Nous utilisons donc le zéro de la Tournelle pour opérer la jonction des données entre les systèmes NGF, 1880 et 1858. Il résulte, en notant « y » les cotes notée sur la carte de Delesse en 1858 (Fernandez, 2014) :
NGF = (y - 100 - 26,25) + 25,62
NGF = y - 100,63
Il reste au final pour les cotes de 1880 notées y’ :
NGF = y’ - 0,63
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